Ce territoire ?

C'était une journée particulièrement humide dans la jungle. Shéhérazade était habituée à la chaleur, ayant vécu toute sa vie dans le désert, mais elle détestait plus que tout l'humidité. Elle se sentait écrasée, elle ne pourrait pas supporter de rester ici bien longtemps. Mais à quoi avait penser Shâhriar en l'envoyant ici ? C'était absurde ! La pauvre jument devenait complètement folle.

*Quel enfer ! Shâhriar croit vraiment que je peux vivre là ? Il est plus fou que je ne le croyait...* pensa-t-elle.

Shéraz avançait à l'aveuglette dans la végétation dense. Et où était les autres chevaux ?

*Probablement morts de chaud...*

Elle se sentit soudainement remplis de nostalgie en pensant à son désert natale... Comme tout cela était loin ! Se sentirait-elle un jour à nouveau chez elle ? Shéraz en doutait...

Tout à coup, un craquement de branche attira son attention vers l'arrière. On la suivait...

- Qui est là ? demanda-t-elle avec assurance, presque avec agressivité.

Je marchais depuis un bon moment sur mes terres. Je n'y avais même pas grandis, alors que j'étais le descandant légitime d'Adsila -ma grand-mère. Mon père me manquait, même si je ne l'avait vu qu'une fois, je regrettais de ne pas l'avoir connu. Le troupeau lui ne savait rien de mon passé, ne se souvenait pas d'Ever, cette jument baie cerise qui un jour arriva & chamboula tout, puis partie & revint avec son fils, Buck. Moi. Je me souvenais de tout comme si c'était hier, mais je chassais tout souvenir. J'arrivais à la lisière de la jungle, je m'étais habitué à l'humidité & à la chaleur de mes terres après avoir erré avec ma mère dans les plaines. Je m'y engageais donc sans hésitation, me mettant au trot. Je levais fièrement la tête, queue en panache. Je sautais par dessus les racines, évitais les lianes, les arbres, les prédateurs. Un serpent m'attaqua, je m'arrêtais & m'efforçais de le tuer en me cabrant & en retombant lourdement sur son corps long & fin. Au bout de quelque minute & d'un vacarme impossible, le reptile gisait au sol, gueule ouverte, mort. Je continuais alors de progresser dans la jungle, lorsque je sentis une odeur étrangère. Je descidais de la suivre, & arrivais derrière une belle jument blanche. Je restais en retrait, sourcils froncés. Elle m'était inconnue. Je decidais de la suivre encore, histoire de voir si elle ne préparait pas un mauvais coup, lorsque mon antérieur droit, dans la précipitation, marcha sur une petite brindille qui se brisa facilement. Je sortais alors de ma cachette, le regard méfiant & froid.
<< Que fais-tu ici ? >> dis-je, d'un ton sec, un pointe de colère dans la voix -sans le vouloir.

Shéraz fixait d'un regard méfiant l'étalon qu'elle ne connaissait pas. Elle lui raconta toute son histoire d'un traite, n'arrêtant que pour reprendre son souffle.

- Pourquoi répondrais-je à ta question alors que tu ne daigne pas répondre à la mienne ? Enfin, tu n'as pas l'air trop menaçant, je suppose que je peux te dire ce que je fais ici. En ce qui me concerne, je m'appelle Shéhérazade, et je viens de loin, très loin, beaucoup plus loin que tu ne peux te l'imaginer. Je vivais dans un troupeau dans un désert aride, mais un jour un étalon m'a enlever avec l'intention de me tuer, il s'appelait Shâhriar, et il me dit qu'il était un des descendants de Crystal, une jument qui aurait vécue sur ces terres il y a de cela plusieurs années. Je l'est convaincu de ne pas me tuer, et il faut croire qu'il m'a jugé digne de prendre ses terres. Il m'a dit de marcher jusqu'ici, et de trouver les terres de Crystal... Je n'est aucune idée si je suis au bon endroit... J'espère bien que non, je ne pourrais jamais vivre dans un endroit aussi humide !

Shéhérazade s'interrompit enfin, et elle fixa si intensément l'étalon que celui-ci sembla légèrement perturber. Son regard n'était pas aussi agressif qu'au début, mais il était profond et témoignait d'un respect envers Buck.

Je fronçais encore plus les sourcils, & tout en soutenant son regard -mes yeux se firent toujours aussi durs, méfiants, distants- je lui répondit sur le même ton que tout à l'heure :
<< Je n'ai pas à me présenter. Et rassure-toi, les terres de Crystal ne sont pas ici, je te prirais de les quitter en tant que dominant. Tu es sur les terres d'Adsila. >>
Ma queue fouetta l'air assez vivement, pour lui ontrer qu'elle n'avait rien à faire ici, surtout pas si elle était celle qui dominait à présent les terres de Crystal. J'avançaçis d'un pas, petit mais menacant.
<< Allez oust ! Va ailleurs que sur mes terres ! >>
Un vent violent se leva, ralentis par les arbres denses de la jungle. Il fouetta le visage de la jument, puisqu'il lui arrivait de face. Il joua longuement avec nos crins avant de se calmer.

Je fis comme si l'étalon n'avait rien dit. S'il croyait m'impressionner avec ses airs de dominant... Tout à coup, un grand coup de vent m'arriva en plein visage. Mais cela ne me déplut nullement, j'étais habituée aux grande tempêtes de sable dans le désert. J'en profitai même pour prendre une profonde inspiration. Mais cela me fit réaliser à quel point j'étais morte de soif. J'avais beau être capable de survivre plus longtemps que la plupart des chevaux sans eau, j'en avais tout de même besoin... Et je ne savais pas combien de temps j'allais encore marcher. Il fallait absolument convaincre cet étalon de me laisser rester encore un peu ici, je devais absolument reprendre des forces avant de conquérir mon nouveau territoire. Je le regardai alors avec mes yeux les plus doux et les plus tendres dont j'étais capable. J'allais devoir utiliser tout mon charme de jument. Donc, avec ma voix de jeune pouliche, je recommençai à parler au cheval devant moi.

- Le voyage jusqu'ici a été bien long mon cher... euh... étalon. Je suis épuisée, et je ne sais pas où son mes terres ni à combien de temps de marche. J'ai absolument besoin de me reposer ! Puis-je rester sur vos magnifiques terres quelques heures pour me nourrir et boire ?

Je terminai mon discourt en agitant légèrement mes beaux et longs crins blancs et en relevant un peu ma queue tout en étirant mon encolure...

Lorsque son regard se fit presque craquant, le miens se durcit. Je n'appréciais guère les étrangers. Ma queue fouetta encore plus violemment l'air, je plissais un peu les yeux pour lui dire que sa comédie ne m'atteignais pas.
<< En général, je ne répète pas deux fois la même chose. >>
Cette simple phrase n'allait peut-être pas l'impressionnée, mais je m'en fichais. J'étais même d'accord si elle voulait combattre. De toute façon, ça m'étonnerais qu'elle ose vouloir essayer de se battre contre moi, il était évident qu'elle était épuisée. Je ne la quittais pas du regard, me faisant plus menaçant à chaque secondes. Je savais qu'elle ne connaissait toujours pas mon nom. Elle le saura cependant bien assez tôt. Mes yeux se posèrent sur ses longs crins immaculés. Sa fine tête -dans les mêmes tons que ses crins- faisait penser à une jument pur-sang arabe. Quelques poils gris ou noirs apparaissaient par-ci par-là sur sa robe.
C'était fou le contraste qu'il y avait entre nos deux physiques. Elle presque blanche, moi presque noir.
Je ne me rendais pas compte à quel point je pouvais parraître méchant parfois. Mais de toute façon, j'aimais qu'on me foutte la paix, même si écouter les plaintes de mon troupeau ne me déplaisais guère...

- Pourquoi tant de haine dans ton regard? Que c'est-il passé ici? Il y a une drôle d'atmosphère... Raconte-moi ce qui c'est passé! Car visiblement, il s'est passé quelque chose, quelque chose de grave. J'aime beaucoup écouter des histoires! Presque autant qu'a en raconter... Car tu sais comment j'ai réussis à survivre à se cruel Shâhriar? À toute les nuits je lui racontais une histoire, mais je ne disais jamais la fin. Il a finit par me faire à un tel point confiance qu'il ma céder ses propres terres... Mais j'ai besoin de connaitre LEUR histoire! Et tu es probablement le seul qui puisse me renseigner. Alors, je t'implore ! Comment puis-je prendre soin d'un territoire dont je ne connais rien? Racontes, et tu peux être sûr qu'après je partirais au grand galop hors de ta vue!

Sans plus de manière, je me couchai au sol, prête à écouter ce que ce bel étalon allait me dire. S'il ne voulait rien me dire, il allait devoir me chasser à coup de sabots. J'en profitai également pour brouter un peu d'herbe.

- J'écoute...

Ca je pouvais le lui raconter. Sans non plus dévoiler mes origines, ni ma propre histoire. Mais tout simplement raconter l'Histoire que chaque cheval raconte à sa progéniture, l'Histoire tragique des terres de Dream Free.
<< D'accord. >> Fis-je, en poussant un soupir & en roulant des yeux, voyant qu'elle était descidemment têtu.
<< Tu as visé juste. Ces terres ont une histoire longue, triste que tout habitant doit connaître. Et j'estime que tu a effectivement le droit de le savoir.
Autrefois, Snow, ce magnifique étalon à la robe aussi blanche que la neige reignait avec Junon, un terrible comflit familial éclata entre les deux filles, qui se disputèrent le rang de dominante suite à une déclaration de leur père, comme quoi le choix était trop dur pour lui ,qu'il les aimais toutes deux & qu'elles devraient se decider toutes seules... >>
Je continuais mon récit, je n'étais aps habituer à raconter des histoires, je n'aimais pas trop ça.

J'écoutais attentivement les moindres mots qu'il me disait. Ça se voyait qu'il n'aimait pas autant raconter des histoires que moi, mais il se débrouillait tout de même très bien. Il acheva enfin son récit, mais je ne pus m'empêcher de continuer à le fixer. J'ignorais cependant où était mes terres, et aussi le nom du conteur. Il allait devoir me guider... Je me relevai le plus gracieusement qu'un cheval peut le faire et je lui adressa une fois de plus la parole.

- Merci beaucoup de m'avoir renseigner! Je l'apprécie grandement. Mais j'aurais encore besoin de ton aide... Je ne sais toujours pas où sont mes terres... J'aurais besoin que tu me guide, au moins jusqu'à la limite de ton territoire. Après, promis, je te lâche et tu ne me revois pas avant bien longtemps. Cependant, je veux savoir ton nom, seulement ça. Je ne crois pas demander quelque chose de trop extravagant, non?

Je continuais à le regarder droit dans les yeux, sans fléchir. Pourquoi ne voulait-il pas me faire confiance? Je voulais savoir aussi son histoire... Serais-je un jour assez proche de lui pour qu'il accepte de se confier à moi?

Je poussais un soupir. J'entendis alors un oiseau s'envoler bruyament derrière nous. Je pointais une oreille dans sa direction, cherchant à entendre ce qui l'avait fait détaler. Je fronçais les sourcils. Humais l'air. Un félin. Un tigre, exactement, venant de l'est. Moi qui n'avait aucune envie de l'accompagner, j'acquiessais.
<< Partons. Je te conduis à tes terres. >>
Je ne lui disais rien du prédateur qui arrivait vers nous. Je cachais mes émotions.
Je n'aimais pas ça, devoir protéger une jument que je connaissais à peine, mais même si c'était une de mes meilleures amies, je pense que je ne pourrais résister à l'envie de sauver, de protéger ceux qui m'entourent.